Délicieux rêve d’Arménie


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Cela fait maintenant un mois et demi que nous sommes confinés et plus que jamais l’envie de manger autre chose que sa propre cuisine est de plus en plus forte. S’il y en a bien une qui me fait saliver, c’est celle de la cuisine arménienne.

Ex-membre de l’Union Soviétique, l’Arménie est un pays encore peu touristique. Située entre l’Occident et l’Orient, elle regorge de richesse tant pour son histoire que pour sa cuisine. À l’écart du tumulte de la ville, le pays offre une nature omniprésente avec ses doux plateaux infinis et ses nombreux monastères.

Nous sommes en janvier, il est minuit passé, j’arrive à Yerevan, la capitale arménienne. Grigor, architecte et passionné de calligraphie, m’accueille chaleureusement chez lui. Je me réveille calmement avec les premiers rayons du soleil qui se reflètent dans la cuisine. Le ciel est radieux, aucun nuage à l’horizon. Mais je ne me fais pas d’illusion, les températures descendent en dessous de zéro degré. À demi réveillée, je découvre avec surprise un ensemble de mets pour le petit déjeuner : du beurre, du fromage à base de lait de brebis appelé chanakh (1) et une omelette, tout cela accompagné du pain lavash, le pain traditionnel du pays. Ce pain est constitué de farine de blé, d’eau et de sel. La particularité de cette galette fine tient du fait qu’elle est cuite dans un four traditionnel creusé à même le sol appelé le tonir. C’est un des pains les plus répandus au Moyen-Orient. Ces premières saveurs arméniennes m’ont mis l’eau à la bouche. L’heure d’aller travailler sonne pour Grigor, tandis que moi, je me dirige vers le métro, prête à explorer la ville.

Le métro ne contient qu’une seule ligne, le centre ville est assez petit, tout peut se faire à pied. En sortant du métro, les éléments issus de l’architecture médiévale arménienne au style néoclassique soviétique se mélangent avec les grosses moumoutes et les chapkas des habitants. Je traverse un marché extérieur qui vend toutes sortes de vodkas, des têtes de cochon, et même des pins Tokio Hotel. Plus loin, je tombe sur la cathédrale Saint-Grégoire l’Illuminateur, une église apostolique. Il faut savoir que l’Arménie a été la première nation au monde à avoir adopté le Christianisme officiellement, Grégoire l’Illuminateur étant le premier catholicos. On peut trouver un peu partout en Arménie des églises qui témoignent la foi de ce peuple.

Après quelques heures passées à l’extérieur, il est temps de se réchauffer. Pour l’occasion, Grigor profite de sa pause pour m’emmener dans un de ses restaurants préférés. Située entre la frontière géorgienne, turque et iranienne, la cuisine arménienne est le miroir de son histoire et de sa position géographique. Au menu de ce midi, des dolmas (2), des feuilles de vigne fourrées au riz vinaigré accompagné de viande ou non. Ici, ils sont servis avec une crème de kéfir. Un délice. À côté, nous avons ce taboulé (3) à base de boulghour et habillé d’une énorme couche de persil et de dés de tomates. Le voyage continue avec le djingialov hac (4), un autre plat traditionnel à goûter absolument. Il s’agit d’une galette de lavash contenant 15 à 20 différentes herbes. Je suis stupéfaite par ce mélange d’herbes qui me rappelle la galette chinoise à la ciboulette, le jiucai xianbing. Pour finir Grigor tenait également à me faire gouter l’harissa (5), une sorte de porridge à base de blé et de viande mijotés ensemble. On arrose ces plats avec un vin rouge local et le tour est joué. Encore trop peu connue pour ses vins, l’Arménie offre pourtant des sols d’argile propices à la production de vin et fait partie des 10 plus grands exportateurs de vin au monde.

Pour terminer la journée, je poursuis mon exploration dans ce café vinyle où la jeunesse branchée se pose pour boire un café ou siroter un cocktail dans une atmosphère digne des années 60 : couleurs chaudes, motifs géométriques, canapées texture velours, et surtout, la cigarette autorisée à l’intérieur comme dans de nombreux restaurants, bars et cafés du pays. J’emporte avec moi quelques vinyles qui me permettront de prolonger un peu plus le voyage… À mon retour en France.

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